Bon dimanche la compagnie !

Aujourd’hui, je voudrais vous parler de l’entreprenariat, et plus particulièrement du bien être dans celle-ci. Parce que je sais que c’est un sujet qui fait écho en vous mais aussi parce que d’en parler ici me permet de prendre du recul…

Vous savez, Make My Lemonade, Wear Lemonade, le Lemonade Studio… Tout ces choses qui m’arrivent ne sont pas le résultat de calculs savants, mais plutôt d’une suite d’événements, d’enchaînements heureux que j’ai provoqués ou non d’ailleurs.  Donc je voulais vous raconter qu’en 2012, quand j’ai ouvert la première version de Make My Lemonade, je n’avais pas du tout anticipé que cela allait devenir une entreprise, qui donnerait du travail à des gens, qui en inspirait d’autres, qui lèverait des fonds pour accéder à des rêves encore plus grands.

Et puis, je ne sais pas si je n’avais pas une petite idée derrière la tête quand même en 2012… Disons que j’essayais quelque chose, je poussais une porte pour voir si je pouvais trouver l’espace pour me réaliser derrière. Car je le dis souvent, quand j’ai commencé à travailler dans une boutique de prêt à porter, le matin, quand je me levais pour aller vendre des vêtements, j’avais envie de m’enfuir loin, dans un endroit où je pourrais vendre les vêtements que j’aurais dessinés. Mais bon, j’avais 19 ans et j’ai vite fait taire cette petite voix qui disait “tu vas t’éteindre bien vite si tu dois te lever toute ta vie pour bosser pour quelqu’un d’autre”.  Mais elle sortait d’où cette voix ? Je pense que j’ai longtemps entendu des amis de ma famille, ou même mon entourage répéter que ma génération allait en baver, que les entreprises ne pourraient pas nous offrir ce qu’ils ont eu. J’entendais des gens se plaindre des mauvaises relations qu’ils avaient au travail sans aucune perspective d’amélioration. L’attente des RTT, vivement la retraite ! Et bien quand j’étais ado et jeune adulte, j’avais du mal à me dire que j’allais devoir passer ma vie à m’user dans une entreprise qui ne me comprendrait pas pour un jour partir à la retraite et commencer à kiffer.

C’était un peu flou. C’était un peu flou le concept de garder précieusement les petits papiers administratifs de chaque job étudiant et saisonnier pour “la retraite”… J’avais envie de dire mais vous vous rendez compte que déjà je suis giga bordélique et que votre papier c’est un miracle si j’arrive à le garder 2 semaines non déchiré, mais il faudrait que je conserve ce truc comme 45 ans ? Cela voudrait dire qu’il va falloir que ce soit la galère, se lever tous les matins pour travailler pour quelqu’un d’autre, dans l’espoir de collecter assez de papiers pour ma retraite. Ah oui ? Mais non.

Donc j’ai vite compris l’urgence de trouver un métier créatif que j’ai trouvé rapidement avec chance. J’ai fait 3 entreprises complètement différentes, de tailles, de secteurs de la mode différents. J’ai rencontré plein de gens géniaux et d’autres carrément moins. Et durant ces 3 expériences, en plus de gagner ma vie et de collecter mes précieux papiers de cotisations pour ma retraite, j’ai beaucoup observé, et j’ai appris plein de choses sur les relations humaines au travail.

Dans ma première expérience, j’ai passé des moments géniaux dans une grande et joyeuse équipe dans laquelle tout le monde était amis, ou du moins collaborait harmonieusement ensemble, avait à coeur de rendre le quotidien sympa car nous faisions des horaires de fous, mais envisager une vie sociale était compliqué.

Dans la seconde entreprise cela a été l’enfer. Je quittais la joyeuse bande pour une dictature. Je me suis fait malmener moralement ce qui m’a rendue malade physiquement. Mais j’ai appris une chose précieuse : Plus jamais on ne me traiterait comme ça et jamais de ma vie je ne ferai vivre cela à personne.

J’ai quitté la seconde entreprise pour la troisième, plus petite, plus familiale aussi et c’est là que j’ai eu de la place pour rendre Make My Lemonade possible aussi. Et aujourd’hui avec le recul, il y avait quand même des choses que je trouvais injustes mais je me rends compte en étant moi même chef d’entreprise que ce n’était pas contre moi, mais c’était simplement que l’entreprise ne pouvait pas faire autrement.

Je ne rentrerai pas dans les détails mais vous saisissez l’idée générale. Puis un jour Make My Lemonade prenant de plus en plus de place, j’ai fait le pari fou de me dire qu’il fallait que je me lance. La bonne idée, même si la route est longue et parfois sinueuse, je ne regrette pas de l’avoir prise. Je ne pense plus aux papiers de la retraite à conserver, je ne pense même pas vraiment à m’enrichir mais avant tout à m’accomplir. J’ai donc quitté le monde de l’entreprise pour sauter à pieds joints dans l’entreprenariat, et pour créer par juxtaposition de mes expériences passées, l’entreprise pour laquelle j’aurais envie de me lever le matin pour aller bosser.

Et puis avec les expériences en entreprises que j’ai pu avoir, j’ai essayé d’en garder des enseignements. Il y a un autre détail que je n’avais pas vu venir, mais aujourd’hui nous sommes une équipe, et dans cette équipe il y a des gens qui ont tous des personnalités et des vécus différents, qu’il faut prendre en compte, écouter, sonder, observer pour essayer de garder une belle harmonie au bureau. Je suis heureuse de voir aussi que des amitiés se forment, et qu’il y a de la bienveillance entre nous tous. Je suis moi-même aussi en chantier, j’essaie que mes angoisses et mon stress ne viennent pas parasiter l’ambiance parce que finalement nous passons le plus clair de notre temps ensemble, donc nous vivons en communauté, la “communauté du citron”. Et de ce que j’ai pu voir au travers mes expériences passées, c’est que cet équilibre est fragile mais primordial pour le bien-être dans l’entreprise et le succès de cette dernière… J’aimerais que l’on fasse plus de choses ensemble qui ne soient pas uniquement au bureau, célébrer les petites victoires. Je ne vous donne pas vraiment de clefs mais sachez être à l’écoute des gens qui travaillent avec vous, et essayez de ne plus vous plaindre mais de trouver des solutions pour rendre votre quotidien plus agréable. Et si les changements qu’il faudrait pour vous rendre heureux en entreprise sont trop structurels, bougez-vous, n’attendez plus le prochain RTT comme le messie. Je ne vous dis pas de tout plaquer pour devenir votre propre patron mais posez-vous la question de savoir si êtes heureux de vous lever le matin pour aller bosser, et si vous ne l’êtes pas, êtes-vous d’accord pour continuer ainsi jusqu’à la retraite pour commencer à vous accomplir ?

March 20, 2016